Natifs numériques (Digital Natives)
Ceci est une traduction non officielle de l'anglais vers le français de la synthèse Digital Natives rédigée par le Center for the future of Libraries de l'American Library Association.
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L'évolution
Les personnes qui sont nées et ont grandi dans un monde numérique (après 1980) travaillent, étudient et interagissent de manière très différente des personnes de la génération précédente, les « immigrants numériques ».
Marc Prensky est le père des concepts « natifs numériques » et « immigrants numériques » dans son essai intitulé « Digital Natives, Digital Immigrants », publié dans On the Horizon en 2001. L’article affirme que l’avènement des nouvelles technologies numériques ont fondamentalement transformé les jeunes, à tel point qu’ils « pensent et traitent l’information d’une tout autre façon que leurs prédécesseurs », les décrivant comme des « personnes maîtrisant une langue maternelle numérique issue des ordinateurs, jeux vidéo et Internet » (« "native speakers"of the digital language of computers, video games and the Internet »). [1] Ils se distinguent des immigrants numériques, lesquels se trahissent par leur « accent » avec leur utilisation d’Internet comme source de référence, leur attachement aux manuels ou à la révision sur papier plutôt qu’à l’écran.
L’écart entre les natifs et les immigrants numériques se remarque en milieu de travail, en classe ou même dans les familles. Selon Prensky, le milieu de l’éducation fait d’ailleurs face à un défi considérable, où les immigrants numériques enseignent à une population de natifs numériques, dont la vision du monde, le raisonnement et la perception de l’information et de la collaboration diffèreraient grandement des leurs. [2] Les natifs de l’ère numérique sont plus enclins à incorporer les technologies dans leur vie professionnelle, ce qui les rendrait plus de productifs et efficaces au travail. Ils recherchent également un accès accru aux technologies, plus d’espace virtuel et physique pour le partage entre pairs et collègues, davantage d’environnements de travail confortables afin d’amalgamer vie privée-vie professionnelle, et une meilleure durabilité du milieu de travail. [3] Le fossé se creuse de plus en plus entre les immigrants et les natifs numériques, notamment dans leur façon de faire des affaires, de recueillir l’information et les nouvelles, de dépenser leur argent, de définir la protection des renseignements personnels, de se divertir et de s’engager socialement. [4]
La pertinence
Les natifs numériques ont grandi avec l’accès à Internet et dépendent énormément des appareils mobiles. Ils sont de grands consommateurs de réseaux sociaux, considèrent la rapidité comme l’une des caractéristiques les plus importantes des services et produits numériques, et butinent d’un appareil à l’autre, du travail au divertissement : bref, de véritables adeptes du multitâche. [5] Ces particularités imposent ainsi aux bibliothèques et aux bibliothécaires une adaptation des services et des programmes aux nouvelles exigences et attentes propres aux natifs numériques.
Parallèlement, selon les recherches du Pew Internet and American Life Project, les comportements technologiques et médiatiques des jeunes Américains chevauchent l’environnement papier et numérique, et ils apprécient et exploitent les bibliothèques en tant que lieux pour étudier en silence et pour collaborer et passer du temps. [6]
Comme la plupart des grands groupes d’âges, les particularités des natifs numériques ne se retrouvent pas nécessairement chez toutes les personnes de cette génération. En effet, les jeunes qui ont grandi dans les communautés à faible revenu, qui sont immigrants ou enfant d’immigrants, ou qui ont simplement des préférences différentes sont susceptibles de ne pas avoir connu l’influence technologique et numérique au même degré que les autres dans leur jeune vie. [7] Ainsi, les bibliothèques et bibliothécaires peuvent toujours offrir la possibilité aux natifs de l’ère numérique de découvrir les nouvelles technologies, ressources et collaborations qui, autrement, leur auraient fait défaut.
Au sein de notre main-d’œuvre multigénérationnelle, la collaboration entre les natifs et les immigrants numériques s’avère particulièrement importante, d’autant plus que les bibliothèques s’efforcent d’aider les usagers dans un large spectre générationnel.
Une recherche sur la réponse du cerveau aux médias électroniques semble indiquer que les natifs numériques auraient une activité plus élevée dans les zones du cerveau responsables de la mémoire à court terme, du tri d’informations complexes et de l’intégration des sensations et de la réflexion. Une autre recherche laisse supposer, quant à elle, qu’une telle exposition aux médias électroniques diminuerait la capacité de développer l’empathie, les relations interpersonnelles et les compétences de communication non verbale. [8] Voilà donc des conclusions qui peuvent influencer la manière dont les bibliothécaires travaillent entre eux et avec le public.
Notes et ressources
[1] “Digital Natives, Digital Immigrants.” Marc Prensky. On the Horizon. October 2001. Disponible à http://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Di...
[2] “Digital Natives, Digital Immigrants.” Marc Prensky. On the Horizon. October 2001. Disponible à http://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Di...
[3] “Digital Natives: A More Tech-Savvy Generation Enters the Wiorkplace.” Marie Puybaraud and Hannah Hahn. WorkDesign Magazine. February 1, 2012. Disponible à http://workdesign.com/2012/02/digital-natives-a-tech-savvy-generation-en...
[4] “Closer Together or Further Apart? Digital Devices and the New Generation Gap.” Robert Weiss. The Huffington Post. April 1, 2014. Disponible à http://www.huffingtonpost.com/robert-weiss/closer-together-or-furthe_b_4...
[5] “Creating Outstanding Experiences for Digital Natives.” Saskia Schippers and Meike Mak. UX Magazine. July 24, 2014. Disponible à http://uxmag.com/articles/creating-outstanding-experiences-for-digital-n...
[6] “’Digital Natives’ Are Still Bound to Printed Media.” Pew Internet and American Life Project. June 25, 2013. Disponible à http://libraries.pewinternet.org/2013/06/25/press-release-digital-native...
[7] “The Digital Native Fallacy: Teaching New Skills While Learning From Their Strengths.” Jared Chung. The Huffington Post. April 29, 2013. Disponible à http://www.huffingtonpost.com/jared-chung/the-digital-native-fallac_b_27...
[8] “Digital Natives are Slow to Pick Up Nonverbal Cues.” John K. Mullen. Harvard Business Review. March 6, 2012. Disponible à https://hbr.org/2012/03/digital-natives-are-slow-to-pi/
Utilisé avec la permission de / Used with the permission from
American Library Association
http://www.ala.org/tools/future/