L’économie de partage (Sharing Economy)

Ceci est une traduction non officielle de l'anglais vers le français de la synthèse Sharing economy rédigée par le Center for the future of Libraries de l'American Library Association.
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L'évolution

Le modèle traditionnel de la possession est en pleine mutation. Une économie de partage (appelée également « consommation collaborative » ou « location ou collaboration pair-à-pair »), qui utilise souvent les technologies sociales, permet aux utilisateurs de partager des ressources, des biens, des services et même des compétences. 

La croissance démographique, l’urbanisation, les préoccupations grandissantes liées aux ressources non renouvelables, une économie en perte de vitesse et le développement de technologies sociales ont contribué à faire avancer l’économie de partage, laquelle met la priorité à l’accès plutôt qu’à la propriété. Les consommateurs ont alors devant eux une nouvelle façon de se connecter et de mettre en valeur le potentiel non utilisé des objets qu’ils possèdent ou des services qu’ils peuvent proposer. [1] Ainsi, les gens bénéficient de multiples possibilités d’atteindre une variété d’objectifs et d’économiser ou de faire de l’argent grâce à des produits et services qui autrement seraient non ou sous-utilisés.   

L’économie de partage est un terme large référant à des activités menées par les organismes sans but lucratif, les organisations communautaires ou les gouvernements pour le bien de la communauté ou par les entreprises à but lucratif offrant des services établis à partir du concept de partage (Airbnb, Lyft, Uber). [2] 

Selon une étude menée par Nielsen en 2014 auprès de plus de 30 000 internautes dans soixante pays, 68 % des consommateurs sont prêts à partager ou louer leurs biens personnels contre une somme d’argent, et 66 % des consommateurs accepteraient d’utiliser des produits et services offerts par d’autres. [3] Les produits que les répondants sont prêts à prêter ou emprunter en échange d’argent sont : les dispositifs électroniques (28 %), les outils électriques (23 %), les vélos (22 %), les vêtements (22 %), les articles de maison (22 %), les équipements sportifs (22 %), les voitures (21 %), le matériel de camping (28 %), les meubles (17 %) et les résidences (15 %). De plus, 26 % des répondants sont également prêts à faire de même avec des leçons ou des services. [4]  

L’économie de partage dépend fortement de la confiance, d’où l’utilité des technologies sociales avec leur rétroaction publique, leurs critiques, les commentaires et les relations.

La pertinence

Les bibliothèques ont été une figure de proue dans ce domaine en démontrant la valeur et le potentiel des ressources et espaces gratuits/partagés. À mesure que l’économie de partage progresse et s’oriente dans de nouvelles directions – dispositifs électroniques, transports, outils, éducation, équipement –, les bibliothèques devraient revoir leur rôle dans le partage et l’adapter. Elles devront se pencher sur ce qu’elles peuvent faire – et partager – afin de conserver leur pertinence dans une économie collaborative et répondre aux besoins des gens intéressés à ce type de consommation. [5]   

Les questions légales et les règlements constituent d’importants obstacles à ce genre d’économie. [6] L’exécution des lois, les exigences de permis et les intérêts des taxes/impôts peuvent limiter ou compliquer les activités de certains secteurs de l’économie collaborative à but lucratif, comme la location de chambres (Airbnb) et le covoiturage (Lyft et Uber). [7] La réglementation pourrait aussi soutenir les projets afin qu’ils correspondent aux éléments essentiels de l’économie de partage et restreignent les risques d’exploitation. [8] Les acteurs de l’économie de partage requerront possiblement des ressources afin de se frayer un chemin à travers les obligations légales avant de se lancer, et les bibliothèques et les organismes d’information qui mettent sur pied de nouveaux programmes ou services ancrés dans l’économie collaborative nécessiteront peut-être un aiguillage prudent dans les politiques.   

Il est possible que l’intérêt et l’appréciation de l’économie collaborative soient générationnels. Selon une étude Nielsen, les jeunes générations (35 % des milléniaux et 7 % de la génération Z) sont plus portées que les générations précédentes (17 % des génération X et 7 % des baby-boomers) à utiliser ou louer des produits. [9] Cela signifierait un potentiel regain d’intérêt de la valeur communautaire des bibliothèques, mais à condition que ces dernières mettent à jour la portée des services et programmes offerts en matière de partage afin d’entretenir l’attention de cette jeune clientèle.    

Les villes et les gouvernements verront sûrement des occasions dans l’économie de partage d’améliorer l’expérience citoyenne (par exemple, le vélopartage). Les bibliothèques seraient ainsi susceptibles de se mettre au diapason des services offerts par l’économie de partage (atelier de réparation collective ou Repair cafés, jardins collectifs, espaces de travail) où l’on fait la promotion des biens collectifs. [10]  

L’économie de partage sera de plus en plus tributaire de la confiance qui règne au sein des participants. La confiance en l’économie de partage sera probablement basée sur les données, les critiques et profils créés sur les sites Web et les communautés en ligne. Cette dépendance à la confiance pourrait contraindre les gens à développer une persona (personnage virtuel) publique/collective qui participe à l’économie de partage et gère une réputation, et une persona privée ou normale dans la vie quotidienne. Les gens auraient besoin d’être guidés afin d’évaluer la fiabilité des informations et des individus sur ces espaces d’économie de partage. [11]

Notes et ressources

Notes et ressources 

[1] “Is Sharing the New Buying?” Nielsen. May 28, 2014. Disponible à http://www.nielsen.com/us/en/insights/reports/2014/is-sharing-the-new-bu... 

[2] “We-commerce: The sharing economy's uncertain path to changing the world.” Lyndsey Gilpin. TechRepublic. September 8, 2014. Disponible à http://www.techrepublic.com/article/we-commerce-the-sharing-economys-unc... 

[3] “Global Consumers Embrace the Share Economy.” Nielsen.  May 28, 2014. Disponible à http://www.nielsen.com/lb/en/press-room/2014/global-consumers-embrace-th... 

[4] “Global Consumers Embrace the Share Economy.” Nielsen.  May 28, 2014. Disponible à http://www.nielsen.com/lb/en/press-room/2014/global-consumers-embrace-th... 

[5] “Future of the Library and Information Science Profession.” Australian Library and Information Association. 2013. Disponible à https://www.alia.org.au/futureoftheprofession 

[6] "All Eyes on the Sharing Economy.” The Economist. March 9, 2013. Disponible à http://www.economist.com/news/technology-quarterly/21572914-collaborativ... 

or 

“The Six Risks for Sharers in the Sharing Economy.” Ted Devine. The Huffington Post. April 21, 2014. Disponible à http://www.huffingtonpost.com/ted-devine/the-6-risks-for-sharers-i_b_518... 

 

[7] “We-commerce: The sharing economy's uncertain path to changing the world.” Lyndsey Gilpin. TechRepublic. September 8, 2014. Disponible à http://www.techrepublic.com/article/we-commerce-the-sharing-economys-unc... 

 

[8] "San Francisco’s New Housing Rules Are the Best Thing to Happen to Airbnb." Marcus Wohlsen. Wired. October 8, 2014. Disponible à http://www.wired.com/2014/10/san-franciscos-new-limits-best-thing-happen... 

 

[9] “Global Consumers Embrace the Share Economy.” Nielsen.  May 28, 2014. Disponible à http://www.nielsen.com/lb/en/press-room/2014/global-consumers-embrace-th... 

 

[10] “’Smart Cities’ Should be ‘Sharing Cities.’” Julian Agyeman and Duncan McLaren. Time.  September 29, 2014. Disponible à http://time.com/3446050/smart-cities-should-mean-sharing-cities/ 

 

[11] "Building Trust in the Sharing Economy." Michael Sacca. Tech Cocktail. October 28, 2014. Disponible à http://tech.co/building-trust-sharing-economy-2014-10  

 


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